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(32)Fétichisme

Je suis fétichiste (J’entends par là, que je reporte mon affection sur des objets, que je leur donne une symbolique forte…je n’ai pas de pièce cachée, peinte en rouge avec tout un tas de fouets et de menottes en peau de lapin !) et je passe mon temps à perdre les objets ! Je savais que j’avais une personnalité lunatique, mais de là à être contradictoire, je n’imaginais pas à ce point. C’est à cause de mon signe astrologique, gémeaux, il n’y a pas à dire, question dualité je traine du lourd !  

Pourtant je ne m’y intéresse pas plus que ça, à l’astrologie.   

Ce n’est pas faute d’avoir entendu durant toute mon enfance, ma mère demander le signe de quelqu’un pour savoir si elle pouvait s’y fier, ou pour vérifier si une personne qui contredisait tout le temps tout le monde était bien capricorne, ou bien tout simplement pourquoi un tel aimait les chats ou s’il avait mangé une pomme le matin. Pour elle et l’ensemble de sa génération, la date de naissance expliquait tout ou presque.  

Pour ma génération, l’astrologie a fait place à la psychologie, ainsi, les personnes qui contredisent tout le monde ont surement dû vivre un traumatisme dans leur enfance, et pour se protéger du danger ils se sont forger une armure ou une identité marquée : étaler leur science aux yeux de tous, dans n’importe quelle circonstance – même pour la raison marqueting de la couleur rose du papier « Moltonel » – leur donne de l’importance, une place dans la société. Ou alors ils sont d’anciens enfants rois, qui n’ont jamais été contredis, et maintenant ils pensent que la société doit se comporter comme le faisaient leurs parents : s’écraser pour avoir la paix.  

Est-ce mieux que l’astrologie ? Justifier la genèse d’un comportement par l’alignement des planètes, ou la succession de malheureuses erreurs parentales, ça revient au même :  si on ne fait rien pour s’adapter à son environnement, finalement on reste un gros lourd ! 

Pour ma part, je pense que la lune a une sœur jumelle, invisible à l’œil nu, et qu’elles se sont alignées le jour de ma naissance, pour que je sois aussi étourdie ! Ou alors ma mère m’a oubliée une journée entière dans un supermarché lorsque j’avais trois ans et pour repousser ce traumatisme, j’oublie moi aussi où je mets tout ce que je touche inconsciemment. 

En tout cas ça me fatigue. Est-ce que j’ai du mal à m’adapter à mon environnement ? Non, je crois que j’ai trop confiance, c’est ça mon problème. Qu’est-ce que ça veut dire ? Et bien tout simplement que les personnes qui se méfis de leur environnement, ne perde jamais rien ! Mon mari par exemple. 

Mon cher et tendre a constamment peur des endroits où il évolue, il est méfiant, et fin observateur, c’est une seconde nature. Il repère les caméras dans un lieu public, il déteste se sentir observé. Il repère tout de suite la sortie de secours dans un restaurant, au cas où le chef mettrait le feu à ses bananes flambées, ou qu’un drôle de personnage viendrait faire un défilé pour présenter sa nouvelle collection de ceintures à explosifs. Mais les lieux inconnus et extérieurs ne sont pas les seuls objets de sa méfiance, chez nous aussi l’espace et jonché de pièges et de danger. Il suffit de voir l’émoi que cela provoque chez lui, lorsque je déplace un meuble ou que je laisse mon sac traîner par terre : toute chose qui n’est pas à sa place est un potentiel danger vers la chute, vers la fracture, vers la désorientation, et qui sait vers l’accident mortel ! 

Quant aux objets, ceux qui changent de place, sont potentiellement des objets perdus, et mon mari a horreur de perdre les choses…comme quoi l’adage est vrai : les opposés s’attirent ! Mon mari se méfie de son environnement et du désordre parce qu’il en connait les conséquences. 

Alors, que moi, je suis plus instinctive. J’enjambe facilement des chaussures qui traînent, je contourne sans problème une table basse qui a trouvé une nouvelle orientation, j’ai confiance. Sauf que ça ne marche pas avec les petits objets !  

Un petit objet se faufile dans une poche, saute dans un panier, ou peut se promener en toute liberté sur une grande table. Mais en plus de ça, le petit objet est sournois : s’il n’a pas de place attribuée, s’il ne retourne pas, le soir venu, dans son vide poche, dans sa boite à bijoux, dans sa pochette de sac à main, si vous n’êtes pas vigilant, il peut s’éprendre de liberté et se perdre à jamais ! Alors que moi je leur fait confiance, je suis pour la démocratie, mais voilà ils en profitent ! 

Mon mari, lui il leur trouve une place et ils n’en bougent pas ! C’est une forme de dictature, je vous le concède, mais c’est efficace. 

Comme je vous le disais au début, je suis fétichiste, j’ai l’amour de l’objet (à ne pas confondre avec matérialiste, sentiment plutôt masculin pour se donner de l’importance), les objets sont des personnes, ils ont une histoire.  

Il a dû me manquer un doudou dans ma petite enfance, parce que maintenant j’ai besoin de matérialiser les personnes que j’aime, les endroits que j’aime, les pays que j’aime, ou les régions où je suis allée, par des objets. Une tasse artisanale, une décoration de noël (Je pourrais mourir si je perdais le sapin en capsules de café Nespresso, de petite section de mon fils !), mes bagues, une écharpe, un foulard, mon pull moche de notre première saint valentin…fallait-il que je sois amoureuse pour rester avec un homme de si mauvais goût ! 

Certaines choses ont leur place, elles n’en bougent pas, aucun risque que mette un jour ce pull à col roulé, en maille blanche et mauve, et les décorations de noël ont leur carton. Mais j’ai un sacré problème avec les clefs, les bijoux…et les soutiens gorge !  

Je vous explique : lorsque j’arrive à la maison, après une journée de travail, je suis alpagué par les indigènes qui y habitent, une petite fille aux tâches de rousseurs qui a besoin d’aide pour sa leçon d’histoire, un grand chevelu à la voix éraillée par la mue, qui veux mon aide pour ses verbes irréguliers, et un athlète qui descend de son vélo d’appartement en sueur pour me raconter sa journée, parce qu’il a de sacrées anecdotes qu’il veut absolument partager. Ensuite il y a toute cette tribu à nourrir, et enfin je peux me poser sur le canapé. À ce moment-là, souvent, je me rends compte que je ne me suis pas déshabillée, et je ressens comme une démangeaison tout autour de la cage thoracique…mon soutien-gorge. Normalement je devrais monter dans la salle de bain et me mettre en tenue décontractée, mais je suis comme aimentée ! Finalement, le haut de mon ensemble de lingerie, fini sur le canapé. Ensuite, mes colliers atterrissent dans le vide poche de la table basse avec certaines de mes pinces à cheveux. 

Et bien sûr, inutile de vous préciser, qu’à ce moment-là de la soirée, je n’ai aucune idée de l’endroit où mes mains ont pu déposer mes clefs de voiture.  Si, en plus j’ai de nouveau déplacé un de ces trucs histoire de les rapprocher de leur rangement d’origine sans forcément les atteindre, je ne vous dis pas le bordel le lendemain matin !  

Ça c’est pour la routine quotidienne, mais aucun objet n’échappe à la règle quel que soit le moment de la journée, ou le jour de l’année…je me déleste, même du plus précieux, là où je me trouve. 

Mon mari, sait que les objets sont sournois, moi je continue à penser qu’ils vont m’appeler pour m’indiquer l’endroit où je les ai déposés…nous sommes absolument complémentaires ! 

Je vous embrasse. 

Virginie 

Par Virginie

Auteur du blog d'écriture ohlesfillesfr.fr, de contes pour enfants, de pièces de théâtre et de romans jeunesse.

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