Je suis allée chez le gynécologue. J’ai vécu deux expériences particulièrement désagréables.
La première, sur le plan physique et à ma demande en plus! Nous avons un côté masochiste, nous les femmes, c’est une certitude.
Tenez, rien qu’en pensant à l’épilation, je me dis qu’on en tient une sacrée couche. Parce que accepter de se faire couler de la cire à plus de 60 degrés sur la peau, pour ensuite se voir arracher dix centimètres carrés de poils d’un coup, (ce qui n’est pas si loin de certains supplices infligés sous l’inquisition au 13e siècle), dans le seul but que notre pilosité ne réapparaisse pas avant deux semaines, c’est frôler le châtiment corporel auto-infligé pour accéder à l’acceptation de soi-même…non ?
Je ne rentrerais pas plus dans le sujet… je m’épile moi-même, c’est vous dire ! Mais ça donne à réfléchir.
Donc, mercredi dernier j’étais chez mon gynéco pour me faire remettre un stérilet hormonal, celui qui diffuse des hormones en continu pour bloquer l’ovulation…et les règles ! Oh bonheur !
Le mien arrivait à l’échéance des 5 ans et me provoquait des montées de lait, sans lait et des maux de ventre à coup de lance pierre, tous les quinze jours !
Soit je m’étais alignée aux cycles lunaires , en l’une montante et descendante,ce qui faisait de moi un être en osmose avec la nature. Soit une guerre se mettait en place entre mes hormones et de celles de mon stérilet bientôt en rade ! Mon médecin, beaucoup plus cartésien que moi, m’a proposé de ne plus rien prendre comme mode de contraception chimique, pendant deux à trois mois, afin de vérifier si mon corps pouvait encore produire de ce charmant liquide écarlate de façon naturelle.
Autant vous dire que j’y ai réfléchi à deux fois ! Parce que, on est d’accord, il n’y a pas trente-six façons de ne pas tomber enceinte sans hormones ! Cherchez, vous allez trouver. Mon spécialiste des vagins m’a suggéré que je pouvais retrouver une seconde jeunesse en essayant plusieurs marques de préservatifs…alors j’ai capitulé et je me suis lancé dans l’aventure.
La première bonne nouvelle, c’est que finalement, je fonctionne normalement. L’autre bonne nouvelle, c’est qu’il existe des préservatifs avec des picots et des effets non négligeables et qu’il m’en reste encore quelques échantillons.
La mauvaise c’est que, définitivement je ne veux plus avoir mes règles ! Depuis plus de dix ans, j’avais oublié ce que c’était, et bien non merci ! Du coup je suis repartie avec mon bidule en plastique et toute la bonne chimie qui va avec.
Par contre, ce que j’avais oublié c’est que ce bidule de rien du tout, de trois centimètres de diamètre, doit passer par un trou de la taille d’une tête d’aiguille ! Et le col de l’utérus ne se dilate pas comme ça, oh que non ! Il préserve farouchement le sanctuaire, le nid de l’ovule, contre les vilaines bactéries et le trop-plein de spermatozoïdes… oui, les hommes en font toujours trop, ils exagèrent souvent, ils ne peuvent pas s’empêcher de tout envahir, même là !
Il n’y a que des contractions musculaires partant des cuisses et montant jusqu’aux reins, lors du travail de l’accouchement, qui puissent dilater le col de l’uterus. Travail de douze heures en moyenne, dont les douleurs sont équivalentes à des décharges électriques de plus de 130 volts à basse tension,( comme celles produites par le fameux “gégène” durant les séances de torture pendant la guerre d’Algérie), décharges électriques espacées de deux minutes les deux dernières heures, quand tout se passe bien!
Mais en dehors de ça, ce col reste suffisamment étroit, pour que même une aiguille puisse difficilement s’y insérer. Alors comment fait-on avec un stérilet ? Et bien, on se sert d’un écarteur !
Tout ça pour ne plus avoir à utiliser de protections hygiéniques…on a vraiment un grain !
La deuxième expérience a plutôt atteint mon ego. Après m’avoir torturé physiquement, le secoué du spéculum m’a assené le coup de grâce : “ Prenez votre temps pour respirer, si vous avez encore mal tout à l’heure, prenez des anti-inflammatoires…et dites-vous que de toute façon c’est le dernier, normalement d’ici 5 ou 6 ans vous n’en aurez plus besoin avec la ménopause.”
Merci pour l’info ! Merci de me faire basculer dans le troisième âge ! Merci de me rappeler que ma ride du lion ne va jamais disparaître ! Le pire c’est qu’il a cru me rassurer, et que ça partait d’une bonne intention…une intention de médecin, tout en psychologie !
Non mais je n’ai qu’à m’en prendre à moi-même. A force de lui demander quels étaient tous les moyens contraceptifs capables de faire disparaître les cycles menstruels, il a dû se dire que j’avais hâte de me retrouver avec des sécheresses vaginales, des bouffées de chaleur et une libido aussi explosive que celle des escargots de bourgognes ! (Je dis ça mais si ça se trouve ils s’éclatent.)
J’ai ravalé ma fierté, et j’ai pensé à ma tranquillité pour les mois à venir…et les cinq prochaines années…enfin si par miracle, ce foutu machin en plastique ne me remet pas de nouveau en symbiose avec la lune.
A bien y penser, être en symbiose avec la nature c’est peut-être la meilleure chose à faire. Je devrai abandonner toutes ses hormones, laisser la nature faire son œuvre. Est-ce que je ne suis pas détraquée avec toute cette chimie, et n’ai-ce pas pour ça que je suis fatiguée tout le temps et que j’ai l’impression d’être déboussolée en permanence ? Il faudrait que je me penche sérieusement sur la question !
Et en même temps, si on veut parler de la nature, je ne regrette pas ma petite contribution : je ne la pollue pas avec mes serviettes hygiéniques ! Ce n’est pas négligeable ! Et je ne saoule personne avec mes douleurs menstruelles, et la mauvaise humeur qui va avec. Non…je crois que ma démarche est d’utilité publique.
Je vous embrasse.
Virginie.