Oui je sais cela fait longtemps que je ne vous ai pas écrit un petit quelque chose. Je pourrais vous dire que l’amour n’attend pas le nombre des années (Je me suis un chouia approprié le proverbe original, mais ça sonnait bien !), ou que la passion se nourrit de l’absence pour raviver la flamme, mais voilà, ce n’est pas mon genre de vous prendre pour des imbéciles ! Ceci dit, les phrases c’est cadeau, c’est bientôt la Saint Valentin, ça peut servir.
Non, j’ai eu un coup de mou et puis c’est tout. Un peu de Covid, un peu des vacances de Noël, un peu de ceci, un peu de cela et on arrive vite à dépasser un mois ou deux !
J’ai dit Covid ? Ah oui ! Oui, il est passé par moi, et je n’ai à m’en prendre qu à moi-même, je l’ai un peu cherché. Sous l’étendard du vaccin et forte des convictions sociétales, ou gouvernementales comme quoi les enfants de Maternelle ne peuvent pas être porteurs du virus ou si peu, je me suis laissé aller à câliner ces petits êtres de moins d’un mètre ! Comment résister à ces yeux larmoyants du matin, à ces visages ronds et joufflus, fendus de fossettes lorsqu’ils éclatent de rires sous nos chatouilles, ou à ces bras tendus spontanément, comme ça juste pour le plaisir sans rien attendre d’autre en retour qu’un peu de cette tendresse qu’ils ont perdue en quittant la main si chaude de Papa ou de Maman, au petit matin. Oui, je me suis laissée avoir, oui, je suis faible, mais ne me jeter pas la pierre, vous aussi vous auriez du mal à tenir bon face à l’adversité !
Ou alors je suis humaine et retrouver un peu de spontanéité, après cette longue période de distanciation m’a fait un bien terrible. Et bing ! Je peux le confirmer, non seulement les enfants de moins de 4 ans n’échappent pas au virus et ils peuvent nous le refiler. Ce n’est pas comme si ça ne faisait pas des semaines que l’on nous parlait d’un nouveau variant auquel personne ou si peu échappaient tellement il était rapide : mes oreilles ont bien entendu, mais mon cerveau a dû sélectionner les éléments qu’il voulait, embrouiller par le trop plein d’ocytocines et de sérotonines qu’il emmagasinait auprès des chérubins mangeurs de câlins.
Mais me revoilà, et je compte bien tenir la cadence, c’est promis.
Le vaccin a dû bosser un peu quand même, je n’ai rien eu de grave, deux jours de fatigue, une grosse rhinopharyngite, et une semaine sans odorat.
Ça fait bizarre quand même : le soir de ton test positif, tu es reclus dans ta chambre, les effluves de la raclette qui montent de la cuisine te réchauffe un peu le cœur. Et quand enfin on t’apporte ton assiette avec le fromage encore fumant, fondant sur les pommes de terre, tu portes la fourchette à ta bouche pour te réconforter les papilles, et tu te demandes si tu as bien acheté du jambon fumé, parce qu’il n’a pas trop de goût. Enfin du goût il en a, il est même bien salé, mais il ne sent pas trop le fumé, et le fromage a la même odeur que les pommes de terre ! Comme ça, en moins d’un quart d’heure, sans même t’en rendre compte, le fusible a sauté et le courant ne passe plus entre tes capteurs olfactifs et les neurones de la raclette !
Du coup j’ai une pêche d’enfer. Ça peut paraître idiot, mais retrouver un de mes cinq sens au bout d’une semaine d’absence m’a fait un bien terrible. Certes, ça n’est pas le sens le plus important, et je ne l’ai pas perdu longtemps. Mais il n’y a pas de petite perte.
Tout d’abord il faut savoir, lorsque l’on me connaît physiquement, que la taille de mon nez est assez importante, par rapport à la taille de mon visage. Et j’estime que la nature m’est redevable d’un sens de l’odorat suffisamment important et développé pour justifier une telle protubérance ! Ensuite, si la nature nous a donné cinq sens ça n’est pas pour rien ! Même si la Vue se la pète un peu et se donne de l’importance, comme sa copine l’Ouïe, il n’y a pas de raison que le Toucher, l’Odorat et le Goût soient les laisser pour compte, non mais !
Et je pense également que les autres sens ont leur importance, sauf que l’on oublie ce à quoi ils sont primordiaux. A ces petites choses qui sont beaucoup moins cérébrales, qui sont de l’ordre du détail, de l’anodin, du sensible et qui, lorsqu’elles disparaissent, nous manquent terriblement et ne font plus de nous une personne entière.
Cette main qui nous touche et qui tranquillise notre état de stress, cette peau qui frôle la nôtre et qui brûle les quelques centimètres de notre doigt qui n’attendait que ça, ou ce bras qui se pose sur notre épaule et qui nous rappelle que l’on est ensemble…bien plus que les mots de la veille.
La saveur, ronde en bouche de ce café, qui vous réconforte après le repas, malgré les arabicas saturés par ce rhume envahissant, cette viande qui a une autre présence sur votre palais depuis vous y avez rajouter du sel, qui fait un peu plus saliver vos papilles et libère, par la même occasion, ces hormones du bien-être qui redonnent goût à la vie.
L’odeur des rhododendrons qui vous confirment que le printemps est bien là, et celle de l’iode qui vous indique que vous êtes bien en vacances. Les effluves de son parfum qui prolongent sa présence et celles du café qui vous réveillent le matin sans même y avoir goûté !
Oui, depuis la mie décembre je suis un peu plus en forme qu’avant, parce que j’ai vraiment le sentiment d’être entière. Je compte bien profiter de tous mes capteurs, de tous les détails, pour me les mettre en mémoire, au cas où, de nouveau, un des fusibles, quel qu’il soit, vienne à sauter un jour.
Je vous embrasse.
Virginie.