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(23) Température

Je prends ma température tous les jours !
Il y a une époque, je faisais ça pour surveiller ma courbe d’ovulation. Pour certaines c’est un moyen de contraception : lors du cycle menstruel, 14 jours après vos règles, pour celles « schématiquement» bien constituées (En matière de gynécologie il n’y a pas de normes, il n’y a que des schémas!), la température corporelle augmente d’un petit degré, c’est le signe qu’un de vos ovules vient de s’installer confortablement dans votre utérus, et qu’il attend patiemment, pendant trois jours, qu’un beau et gentil spermatozoïde vienne le féconder. Pour celles qui sont allergiques au latex, et celles qui vomissent quand elle prennent la pilule, c’est un bon moyen pour annoncer à votre partenaire de jeu…qu’il doit arrêter de jouer !
Ça n’est pas le moyen le plus fiable pour éviter de tomber enceinte.

En effet, l’ovule, le fourbe, guidé par dame nature, fervente partisane de la reproduction et du peuplement sur terre, est déjà là depuis 24 heures, quand votre thermomètre vous annonce la bonne nouvelle (Si vous ne rentrez pas dans les schémas, vous êtes marron!). C’est également le moyen le plus sûre de réduire votre libido à 14 jours par mois : après on enchaîne sur la phase critique des trois jours d’ovulation, ce qui ne laisse ensuite que 4 à 5 jours de jeu, si l’on est assez fou pour prendre le risque, avant une bonne semaine de chutes du Niagara ! Les femmes qui pratiquent ce genre de contraception, on assurément moins de migraines que les autres, les malignes!

Pour moi c’était le moyen, d’avoir un enfant. Je gagnais une semaine de partie de jambes en l’air. Au sens propre du terme, puisque pour être sur que les spermatozoïdes atteignent le sommet du col de l’utérus, je restais une bonne demi-heure, les fesses à la place de mon oreiller et les jambes en chandelle, collées au mur ! Ceci, envers et contre les moqueries de mon futur époux ; rien ne retient une femme qui veut donner la vie, même pas le ridicule !

En ce moment, c’est pour savoir si j’ai attrapé le Coronavirus. À force, au bout de trois semaines de rhinite, je me dis, que j’ai peut être le rhume des foin ! Génétiquement, je savais que ça allait me tomber sur le coin de la figure. Quand j’en aurai marre de me moucher, de tousser, d’avoir le cerveau embrumé et de tomber de sommeil à 21H17, j’irai peut être voir un allergologue, et je pourrais me faire prescrire des antihistaminiques.

C’est fou comment on peut aborder la maladie, selon notre état d’esprit, et notre nature.

Il y a un peu plus d’un mois, dès que j’avais le moindre changement thermique dans mes cloisons nasales, la moindre petite poussière qui me grattait la gorge, je me ruais sur mes huiles essentielles, mon inhalateur, et en 48 heure, le virus ou les bactéries responsables de ces désagréments, étaient repartis aussi vite qu’ils étaient venus, le doute était levé tout de suite. Depuis, la personne fragile de la famille, s’est fait vacciner, ses deux doses de Pfizer dans les veines. Et depuis, je laisse les bactéries évoluer. Il y a toujours le doute, mais je le laisse s’installer plus longtemps, il peut prendre ses aises, je suis plus détendue…à tel point qu’aucune huile essentielle ne saurai venir à bout de ce rhume, il va falloir une bonne dose de médecine allopathique !

J’ai eu une conversation intéressante à ce sujet, avec une infirmière, cette semaine. Une conversation, sincère et touchante, sur nos façons multiples d’aborder cette pandémie, et sur nos comportements. Une conversation surprenante par la tolérance qu’il en émanait, malgré les divergences d’opinions.

Non pas que je ne côtoie pas d’infirmières, ni même de professionnels de santé au sens large. J’ai, moi aussi, dans mon entourage, des amis sur qui reporter mes plus profondes angoisses…mais, pour les mêmes questions, je n’obtenais pas toujours les mêmes réponses, ou peut être pas celles que j’espérais…c’est toujours et encore une histoire de point de vue.

Cette femme est venue à me dire qu’elle côtoyait la mort depuis un an. Que ça ne s’arrêtait pas, vis à vis de ce virus. Qu’elle voyait des patients se dégrader en dix jours, et semaines après semaines, répéter la boucle infernale des soins palliatifs, des annonces auprès des familles, et des débranchements de machines. Le réalisme de son récit m’a profondément touché, mais a surtout suscité une question tout aussi franche et sincère : « Vous qui côtoyez la mort, qui la vivez de près à cause de ce virus, comment abordez vous la prévention, les gestes qu’ils faut absolument éviter ? Parce que je n’arrive pas à obtenir de réponses claires, je suis perdue. À quelle distance peut on approcher, comment jugez vous les comportements sociaux »

Elle m’a souri derrière son masque, puis elle m’a répondu, le plus sincèrement du monde : « Si vous me demandez, si je fais la bise, dans ma famille, à certains collègues, à certains amis…je vous dit oui ! Je porte le masque, partout où il faut le porter, je porte l’équipement qu’il est nécessaire de porter sur mon lieu de travail, je protège mes patients saints, et je me protège. Mais si ma mère veut embrasser ses enfants, ses petits enfants, je ne pourrais pas lui refuser. Parce que j’ai vu des gens mourir seuls, sans avoir pu toucher leurs proches des mois auparavant, je n’ imposerai pas à mon entourage de vivre la même chose, si c’est leur choix.  Je respecte les personnes qui préfèrent jouer la prudence, je ne peux que les comprendre. Mais moi je veux laisser une place à la vie. »

C’est la réponse que j’attendais. La réponse la plus logique, la plus sincère, et certainement, celle que j’étais la plus à même d’entendre ce jour là.
Face à la mort il y a la vie.

Mais nous n’avons pas tous le même ressenti, vis à vis des ces deux entités. Moi je ne la côtoie pas la mort, je la ressens de loin, elle me fait peur, elle m’angoisse vis à vis des personnes que je veux protéger, et je ne pense pas faire les mauvais choix en jouant la prudence. Je ne vis pas comme avant, mais je m’adapte, j’évolue et je continuerai à évoluer, avec le vaccin, avec le temps. Mais je comprends enfin, ceux qui laissent une plus large place à la vie, et qui malgré tout, me respectent et ne me jugent pas.

Virginie.

Par Virginie

Auteur du blog d'écriture ohlesfillesfr.fr, de contes pour enfants, de pièces de théâtre et de romans jeunesse.

2 réponses sur « (23) Température »

C’est tout à fait ça ! Il suffit d’une conversation pour s’en rappeler, parfois. Il faut l’apprivoiser, cette mort inévitable, pour aller vers la vie de manière inconsciente et présente. Je veux dire par-là : sans la réfléchir, mais la vivre vraiment.
Merci pour cette pensée phylosophique.

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