Aujourd’hui j’ai envie de m’inspirer de l’humeur du jour. Attention, âmes sensibles s’abstenir !
Je vais me plaindre, parce que je suis énervée ! Donc je vais parler des choses qui m’énervent, à commencer par les membres de votre famille qui vous appellent du premier étage quand vous êtes en train de passer l’aspirateur !
Non mais sans rire ! Vous avez patienté pendant tout le petit déjeuner de votre ado, qui commence à descendre de plus en plus tard, vous avez attendu que l’émission de la petite soit terminée en faisant votre repassage, vous avez supplié tout le monde de débarrasser la table, lancé deux lave vaisselles, vous vous attaquez au truc le plus chiant qui soit dans les tâches ménagères.
Je connais des personnes pour qui c’est un kif, j’en connais cinq, plus précisément, il y en a quatre qui passent à la télévision dans l’émission « Les Cleaners », vous savez celle qui a remplacé « C’est du propre », avec des déglingués de l’attrape poussière, qui viennent faire le ménage chez des déglingués du « j’en ai plus rien à faire, je me laisse aller, j’aime bien les cafards, ce sont mes nouveaux amis! ». Bon et bien dans les 4 il y en a un qui embrasse ses toilettes après les avoir nettoyé, pour vous dire le niveau en « kif ». La cinquième je la connais personnellement, mais malgré son penchant Aspiromasochiste, je tairai son nom, c’est une amie avec qui je ne voudrais en aucun cas me fâcher.
Bref,vous avez prévenu tout le monde que vous vous lanciez « Bon , je vais passez l’aspirateur… », histoire de vous donner du courage, et de chercher un peu de compassion auprès de votre auditoire, ça fait 5 minutes que l’engin du diable tourne et au loin, comme une voix d’outre-tombe, vous entendez « Maman! ».
Bien sûr, je fais comme si je n’avais rien entendu, j’arrive même à garder mon calme à ce moment là. Je me dis que le bruit ne leur est pas, ou plus familier, c’est vrai, avec leurs casques branchés sur la tête pour leurs vidéos Youtube, qu’à force leurs récepteurs auditifs auront été déformés, et que si je ne réponds pas, ils vont faire monter le message jusqu’à leur neurones…je fais travailler leur mémoire quoi !
C’est à ce moment là, que je me rends compte que beaucoup de travail reste à faire pour réparer les dégâts d’internet, lorsque la voix d’outre-tombe résonne à nouveau : « Maman ! ». Je suis alors obligée d’accélérer le travail de leur mémoire, leur donner des indices pour guider l’influx nerveux vers leurs récepteurs synaptiques, que ne ferait pas une mère pour soutenir ses enfants : « Je suis en train de passer l’aspirateur bordel ! ».
Voilà, je déteste passer l’aspirateur, et quand j’ai attaqué, il ne faut pas m’interrompre, surtout pour me dire que les draps à laver sont déposés devant la salle de bain…merci de me prévenir, au cas où j’aurais marché dessus avant d’aller me brosser les dents, c’est pas moi qui ai des problèmes d’écoute ou de vision dans cette maison !
Il y a autre chose qui a le don de m’énerver, c’est la file d ‘attente au rayon poisson, un samedi après midi, à Auchan.
Depuis ma mésaventure de ce week-end, j’ai pu analyser les choses, et le faisceau de facteurs responsables d’une telle aberration ! Au bas mot, quinze personnes devant moi : j’ai le numéro 024 dans les mains et au compteur est affiché le numéro 086, je suis nulle en maths, mais j’ai vite compris que j’allais avoir un gros problème ! Autant de déserteurs dans les rangs, il y avait sûrement une explication, mais ça n’allait pas me plaire.
Soit des gros malins avaient arraché cinq tickets à la fois, mais ça faisait beaucoup de crétins concentrés au même endroit, et normalement le poisson c’est plein d’oméga 3, c’est connu ça développe le cortex cérébrale…j’aurais plutôt vu ça au rayon charcuterie!
Soit le service était lent et par dépit, tout le monde s’était rabattu sur le rayon des surgelés, ou pire encore, leur ticket en main, ils en avaient profité pour continuer à faire leurs courses et revenaient de temps à autre pour vérifier si leur tour n’était pas passé, je priais pour que ce ne soit pas ça !
J’aurai pu , moi aussi abandonner mon poste pour filer au rayon des surgelés, mais il me fallait mes coquilles Saint Jacques pour la saint valentin ! On ne peut déjà pas aller au restaurant, je ne vais pas encore cuisiner des trucs importés d’ « on ne sait pas où », surgelés « on ne sait pas comment », je comptais bien me battre jusqu’au bout !
J’ai donc eu le temps d’observer ceux qui allaient nous servir, et c’était bien le service qui était au ralenti. Ils étaient quatre, deux qui servaient, un qui peaufinait sa mise en place, et un autre à l’extérieur, vers le libre service…qui parlait avec une copine…de son week-end! Je le sais parce que, comme je suis incapable de rester en place dans une file d’attente, et qu’en plus j’ai un ticket, je fais des aller et retour, histoire de passer le temps, et j’ai pu aller jusqu’à lui ! Je n’ai pas eu besoin de lui jeter un regard de travers, son collègue s’en chargeait depuis le rayon, ça m’a aidé à décharger mon adrénaline !
La moitié de l’équipe devait être en pause, et c’était tombé en plein dans ma tranche horaire !
Un moment, j’ai arrêté de me balader, j’ai trouvé une copine de désarroi, on a refait le costume des poissonniers, et finalement mon tour est vite arrivé…au bout d’une demi-heure. J’ai souhaiter bon courage à ma comparse, je me suis dirigée vers les caisses, et après seulement une dizaine de pas, j’ai croisé trois autres poissonniers qui venaient compléter l’équipe… j’ai pensé au champagne qui m’attendait à la maison et j’ai respiré un bon coup !
Je vous parle de la sortie raquettes, par moins 10 degrés, avec mes deux charmants enfants, qui l’un après l’autre ont faillit perdre leurs doigts. De ma fille qui demande tous les quarts-d’heure, « quand est-ce qu’on est arrivé ? », de mon fils qui a eu la bonne idée de manger du chocolat avant de partir et qui se demande pourquoi il a envie de vomir… tous les quarts-d’heure également ! De mon mari qui a soudainement perdu son merveilleux sens de l’orientation, et qui nous a fait remonter 400 mères de route à pieds, jusqu’au parking !
Et bien oui je vous en parle, parce que la journée a été formidable, une neige scintillante et immaculée (le matin il fait plus froid, mais l’avantage c’est qu’on est les premiers… faut juste penser à prendre deux paires de gants, c’est tout!), un soleil éclatant, offrant un magnifique paysage de carte postale !
Comme d’habitude, on a tous râlé, les uns après les autres, sans exceptions, on aime ça dans notre famille, je crois que c’est notre moteur. Mais on a surtout bien rigolé, de nos caractères, de nos bêtises, de nos gaffes…et pour une fois ça n’est pas moi qui ai fait la plus grosse !
J’aime cette famille, j’aime ce volcan, parfois endormi, parfois au bord de l’éruption ! J’aime cette énergie que nous déployons à nous aimer, à nous supporter (dans tous les sens du terme), à nous épauler ! Je ne sais pas si elle est atypique cette famille, si nous sommes si éloignés du moule que ça ? Mais ce que je sais c’est que nous faisons de notre mieux !
Alors oui, je suis énervée, oui il ne me faut pas grand chose pour me faire bondir, et surtout, vous l’aurez compris, je suis une véritable femme d’intérieur…appelez moi Bree Van De Kamp !
Mais, la vraie leçon à retenir, c’est qu’une file d’attente est un fabuleux spectacle.
Au début vous avez envie de passer de l’autre côté et de leur prendre leur couteau des mains pour écailler le poisson vous même ! Mais au bout d’un moment, ça devient divertissant, et instructif, si vous ouvrez vos chakras au second degré, et que vous rangez votre montre dans le fond de votre sac.
Non seulement vous vous rendez compte des conditions de travail merdiques dans lesquelles ils évoluent : des gants qui ne servent à rien, même en superposant deux paires, puisqu’ils se percent et qu’il doivent les changer à chaque client (3 min de perdues à chaque fois…on comprend mieux pourquoi le rayon des surgelés a du succès !), de l’humidité et des écailles collées en permanence sur la blouse…et dans les cheveux : l’été si tu fermes les yeux tu peux encore t’imaginer en vacances sur un port de Bretagne, c’est supportable, par contre,l’hiver, avec le contact permanent de la glace et de la marchandise humide, visqueuse et froide, celui qui te propose un replay du magazine Ushuaïa, en rentrant le soir, a de forte chance de dormir sur le canapé !
Mais en plus, les remarques et les commentaires de certains clients, vous font considérablement baisser la tension artérielle. D’abord parce qu’ils ne se gênent pas pour dire tout haut ce que vous pensez tout bas…mais en pire ! Du coup, avant même que vous ayez vu les serveurs changer leurs deux paires de gants pour la troisième fois, vous commencez déjà à compatir pour eux ! Et puis parce que la bêtise, et la maladresse, sont toujours des petites perles qui peuvent réveiller la bonne humeur :
« Je vous le vide madame ? »
« Oui, merci…et vous m’enlevez les écailles aussi, s’il vous plaît. »
« Il n’y en a pas sur la truite. »
« Ah bon ? Et elles font comment pour nager ? »
« ? »
« Non laissez tombez, je crois que j’ai dis une bêtise ! »
…limite j’aurai pu la faire à une époque celle là !
Bref, quand vous êtes sous tension, mettez sur pause et observez, vous gagnerez du temps au lieu d’avoir l’impression d’en perdre…sauf quand vous passez l’aspirateur bien sûr !
Je vous embrasse.
Virginie.