J’expliquais il n’y a pas si longtemps, comment une émotion forte, même si elle était brève, pouvait déclencher chez moi, tout un imaginaire débordant, un ensemble d’associations d’idées qui vient nourrir mes écrits. Ne me demandez pas pourquoi, ni comment ça marche, ça vient comme ça.
Donnez moi trois personnages n’ayant rien à voir les uns avec les autres, je leur trouve une aventure, donnez moi trois mots du dictionnaire piochés au hasard..si vous me mettez au défi, j’en fait un récit (un très bon exercice en formation conte), parlez moi d’un événement insolite, ou de petites cuillères à cafés retrouvées dans un paquet de pâtes et je m’emballe sur l’amitié !
Tout est possible, du moment que je peux le poser sur papier. J’ai essayé un jour d’enregistrer une idée à l’orale, sur mon téléphone, n’ayant pas de stylo sur moi…en écoutant j’ai cru que j’allais me suicider…un rapport d’autopsie procurait plus d’émotion !
Et bien là, ce week-end, j’ai du manquer d’émotions fortes. Une ballade, une partie de basket en famille, le ménage, les courses…rien d’anecdotique, pas le moindre petit incident mineur à décortiquer. Pas la moindre inspiration.
J’ai essayé de laisser les idées venir d’elles mêmes, en me lançant dans une activité bucolique : j’ai attaqué la taille d’automne de nos haies…au sécateur. Il faut le temps que l’inspiration monte…au taille-haie je ne me serais pas entendue réfléchir !
Et puis j’ai vu ce que j’étais capable de faire avec la tondeuse sur la tête de mon fils (oui, moi aussi je suis devenue coiffeuse pendant le confinement)…je suis plus adroite avec des ciseaux, on s’y reprend à plusieurs fois, mais on prend moins de risques !
Je dis ça, mais en fait,je serai bien incapable de commettre une telle agression sur un être sans défense ! Le taille-haie me révulse. Je m’accroche pour l’instant, et je tiens bon, mon mari a la stricte interdiction de toucher aux arbustes qui entourent la maison, je me réserve cette tâche délicate.
Pour l’instant, le taille-haie prend la poussière au garage, au pire il servira à décapiter les buissons communs avec le voisin, il sera content ce psychopathe de l’ordre, ce taré du caillou qui dépasse ! Mais ce hachoir aux dents aiguisées n’agressera pas mes petits chéris !..Je parle des buissons bien sûr, pas de la tête de mes enfants.
Je ne sais pas ce que ça me fait lorsque je vois une haie fraîchement taillée, les feuilles déchiquetées, les branches arrachées, fragmentées par tant de violence mécanique ! J’ai l’impression qu’à leur place, on m’a arraché les poils au scotch de déménagement, et que la moitié de mon épiderme est venu avec !
Vous pensez que j’exagère. Les feuilles abîmées ne se voient plus après deux semaines de jeunes pousses, me direz-vous, les branches fendues cicatrisent (j’espère), mais pourquoi tant de violence ! Je ne m’y résous pas, je garde mon sécateur : je taille délicatement , je « pince », j’enlève le superflu, le bois mort, je fais respirer mes arbustes de l’intérieur avant qu’ils n’étouffent, je rafraîchis leur coupe comme si la main de l’Homme n’était pas passée par là, je fais de la dentelle.
Oui j’ai mon petit grain, mais j’assume ! Les voisins me regarde en biais avec leurs grosses tronçonneuses et leur tracteurs pour déblayer leur branches,ils doivent me prendre pour une folle : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe (tient ça faisait longtemps que vous ne l’aviez pas entendue celle-là…fin des années 90?). De toute façon leur opinion m’importe peu, ça fait longtemps que je ne m’en soucie plus !
Je n’ai jamais eu de chance avec le voisinage, que ce soit en immeuble ou en maison, j’ai toujours eu un mauvais carma. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir foncé tête baissé dans un besoin irrépressible de relations amicales.
Rien que le mot « Apéro » me donnait des frissons, rendre service était ma devise, « prends mon épaule, ma main, mon bras…tant que je peux t’aider, j’existe » ! Qu’est-ce que j’en tenais une couche à l’époque quand même !
Il m’a fallu quelques bonnes claques, et le passage à la quarantaine pour me réveiller et arrêter de courir après les voitures. Parce que c’est à ça que je devais ressembler, un chien qui cours après une voiture ou un os, pour ne pas me rendre compte que tout le monde se servait de moi.
Non mais depuis je me soigne, j’ai ouvert les yeux, j’ai des amis sur qui je peux compter, pas besoin d’aller les chercher à côté. Surtout pour le florilège qui se présente à nous.
Pour mes voisins actuels, le mot « Apéro » n’existe pas vraiment…ici c’est « Tu bois un coup ? »…et pas seulement à partir de 17h 30 !
Oh, nous n’avons pas craché dans la soupe, durant quelques temps, nous avons aimé partager ces moments de convivialité, ces moments de lâché prise, la vie dans toute sa simplicité. De vrais moments, sincères (en tout cas je l’espérais), il fallait juste trouver le coup de ne pas boire son verre trop vite, parce que « Aussitôt bu », « Aussitôt rempli » !
J’ai éradiqué des sciatiques avec le rosé, un excellent anxiolytique naturel!
Puis il y a un truc avec l’alcool, c’est que ça fait tomber les inhibitions, c’est bien pour ça, ça détend… moi je m’arrête à « pompette », c’est sympa. Mais parfois, avec l’abus, les gens sont tellement détendus…inconscients serait plus juste, qu’il n’ont plus de filtre, ils se livrent à nu, et ce que tu aurais préféré ne pas entendre, et bien tant pis, c’est pour toi, c’est cadeau et débrouille toi avec!
Je connais des secrets sur mes voisins, à faire pâlir les héroïnes de Desperates Housewifes !
C’est trop compliqué à gérer tout ça, et ça te retombe toujours dessus !
Alors on a dit « ciao » ! Et notre santé physique et morale s’en porte mieux.
Mon fils, par exemple, a découvert que la fondue savoyarde, ça avait le goût de fromage,…celle du voisin avait le goût de l’eau de vie et du vin blanc, ce soir là il a frôlé le comas éthylique quand j’y pense.
Aux dernières nouvelles, cette bande de joyeux lurons essayait une nouvelle eau de vie : poire/cannabis. Comme dirait l’autre : « des fruits et des plantes ça peut pas faire de mal ! ». La drogue dure les guette !
Bon là je me moque, mais je ne vous parle que de ceux qui sourient, eux au moins ils ont la joie de vivre et le sens de la fête. Les autres, c’est une tête de six pieds de long qu’ils vous tirent, et ça c’est les jours où ils disent bonjour !
Non, vraiment, l’air de la campagne, ça ne réussi pas à tout le monde, moi je vous le dis.
Bref…cette semaine je n’ai pas d’inspiration !
Virginie